Forum économique Maroc – Mauritanie
Discours de M. Chakib ALJ, Président de la CGEM
20 septembre 2022
Madame la Ministre de l’Économie et des Finances.
Excellence Monsieur l’Ambassadeur,
Monsieur le Président de l’Union Nationale du Patronat Mauritanien,
Chers membres de la délégation mauritanienne,
Chers invités,
Je suis ravi de vous accueillir à cette seconde édition du Forum économique Maroc – Mauritanie et souhaite la bienvenue à nos frères mauritaniens dans leur deuxième pays, le Maroc.
Je suis d’autant plus heureux de constater l’enthousiasme et l’engouement des chefs d’entreprise à chacun de nos rendez-vous.
Cela témoigne de la solidité des relations de fraternité qui lient nos deux peuples.
Cela témoigne également de la volonté commune de hisser notre coopération économique et commerciale à un niveau supérieur et d’être de vrais acteurs du développement de nos pays respectifs, de notre région le Maghreb, mais aussi à l’échelle de notre continent, l’Afrique.
Cette ambition partagée, impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, et du Président de la République islamique de Mauritanie, Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, est motrice pour la dynamisation de nos relations économiques.
Mesdames et Messieurs,
Notre rencontre d’aujourd’hui intervient dans une conjoncture mondiale marquée par des défis multiples. Comme nous l’avons observé, alors qu’on commençait à entrevoir une éclaircie économique, le conflit en Ukraine a entravé la relance tant attendue, notamment celles de notre continent, entrainant une inflation et un choc énergétique sans précédent.
Et c’est dans des circonstances comme celles-ci que la coopération régionale prend tout son sens !
La précédente rencontre économique Mauritanie-Maroc, qui a eu lieu en décembre 2018 à Nouakchott, a connu un franc succès compte tenu des synergies créées et des nombreux partenariats, qui ont été noués entre nos entreprises.
À cette occasion, nos deux communautés des affaires avaient aussi identifié, sur le terrain, les secteurs qui peuvent être au cœur de la dynamisation de nos relations économiques, ainsi que les opportunités qui en découlent.
En mars dernier, la 8ème session de la commission mixte maroco-mauritanienne, tenue à Rabat en présence de nos deux Chefs du Gouvernement, a été couronnée par la signature de treize conventions de coopération dans divers secteurs et d’un mémorandum d’entente, dont l’accord qui lie la CGEM et l’UNPM.
Tout cela pour vous dire que le socle de notre coopération est bien établi. Le temps est donc aujourd’hui à l’action !
Alors comment, en tant que secteurs privés, pourrions-nous créer, de manière pragmatique, efficace et durable, de la valeur ajoutée partagée et de l’emploi ?
Je dirais en déterminant dès aujourd’hui des quick-wins et des actions ciblées par secteur.
Je commencerai par le secteur de l’agriculture, qui est primordial au vu de la nécessité de garantir la sécurité alimentaire de nos pays, mais également en raison des opportunités de transformation et de création de chaines de valeurs complémentaires.
Investir ensemble dans une agriculture durable et innovante est, à mon sens, une priorité, mais aussi une urgence, pour faire face aux impacts du changement climatique et de la sécheresse sur nos économies.
Par ailleurs, au vu de la grande importance du secteur halieutique dans nos pays, nous devons travailler ensemble et investir dans la création de plus d’usines de transformation et de fabrication de produits de la pêche à forte valeur ajoutée et de qualité, répondant aux exigences des marchés internationaux.
Un autre secteur tout aussi crucial est celui de l’énergie. La Mauritanie dispose d’un potentiel géographique et climatique adéquat pour réussir sa transition énergétique, couvrir ses besoins en énergies renouvelables et réduire ses coûts de production. À cet effet, les entreprises marocaines sont prêtes à mettre à profit leur importante expérience dans ce domaine pour construire, en partenariat avec les acteurs locaux, des unités solaires et éoliennes.
Au-delà des effets économiques néfastes, la crise sanitaire a révélé au grand jour la vulnérabilité des systèmes de santé, pas uniquement dans nos pays, mais dans le monde entier.
La coopération dans les domaines de la santé et de l’industrie pharmaceutique devient nécessaire pour anticiper les chocs sanitaires et répondre aux besoins de nos populations. L’investissement dans des hôpitaux, dans des unités de production de médicaments, dans la recherche scientifique et dans le développement pourrait être au cœur de la coopération mauritano-marocaine.
D’autres pistes non négligeables pour donner une meilleure impulsion à notre partenariat sont :
- L’amélioration des infrastructures logistiques et de transport pour le développement des échanges commerciaux intra-africains et garantir une meilleure intégration régionale des chaînes de valeurs, à travers l’axe Dakar-Nouadhibou-Nouakchott-Casablanca et vice-versa ;
- La facilitation de l’accès au financement, afin d’encourager l’investissement à destination de nos deux marchés et plus largement en Afrique ;
- Et enfin, l’instauration d’un dialogue permanent entre les agences d’investissements et les patronats, comme notre rencontre d’aujourd’hui, pour mieux communiquer sur les opportunités d’affaires et trouver des solutions aux difficultés que peuvent rencontrer les investisseurs de part et d’autre.
Dans ce sens, le Maroc dispose désormais d’une nouvelle charte de l’investissement. Ce projet royal, en cours d’opérationnalisation, viendra accompagner les investisseurs nationaux et internationaux à travers des mécanismes incitatifs divers, un allègement de la fiscalité et une simplification drastique des procédures administratives.
Cette charte vient aussi compléter les avancées réalisées par le Royaume durant ces 20 dernières années, notamment en termes :
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- De consolidation du cadre macroéconomique et institutionnel,
- De stratégies sectorielles,
- Et d’infrastructures, portuaires notamment, avec les ports de Nador et de Dakhla. Le Port Dakhla Atlantique peut en effet constituer une véritable plateforme d’investissement pour les entreprises mauritaniennes, et de partenariat entre les opérateurs des deux pays.
Mesdames et Messieurs,
Les plus grandes opportunités que nous nous devions de saisir ensemble sont aussi celles liées à la croissance de l’Afrique. Il n’est plus à prouver que l’avenir se joue sur notre continent, qui jouit d’énormes atouts, que nous connaissons tous.
J’aimerais tout de même rappeler quelques-uns :
Une population jeune et connectée. En 2050, plus de la moitié de la population africaine aura moins de 25 ans et aura besoin d’emplois ;
La Zone de Libre Échange Continentale Africaine (Zleca), qui donne accès à un marché de 1.2 milliards de consommateurs, et qui représentera une plateforme incontournable pour promouvoir le Made in Africa et le Made with Africa;
Et enfin, la place grandissante des technologies et de l’innovation dans les pays africains.
Pour le Maroc, l’intégration continentale et la coopération sud-sud représente une conviction portée au plus haut niveau. En effet, sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, a toujours accordé une grande importance au développement et au co-développement de notre continent.
Sous l’impulsion de notre Souverain, le secteur privé national est aujourd’hui une véritable locomotive d’investissement en Afrique en partenariat avec les opérateurs économiques locaux et dans un esprit win-win.
Les entreprises marocaines sont disposées et déterminées à aller encore plus loin à travers plus d’investissements porteurs de valeur ajoutée, d’innovation et d’emplois. Et nous souhaitons le faire avec nos partenaires mauritaniens.
Mesdames et Messieurs,
En tant que pays voisins, nous partageons les mêmes défis, les mêmes ambitions et donc un avenir commun que nous pouvons bâtir, dès à présent, ensemble. Main dans la main, nous pouvons anticiper les chocs économiques mondiaux, main dans la main nous pouvons positionner nos économies sur les nouvelles chaines de valeur qui se redessinent.
J’aimerais finir mon intervention par cette citation du discours de sa Majesté le Roi que Dieu l’Assiste au Sommet de l’Union Africaine à Addis Abeba en 2017. “Nous, peuples d’Afrique, avons les moyens et le génie et nous pouvons ensemble réaliser les aspirations de nos peuples”.
- Je souhaite plein succès aux travaux de ce Forum. Merci de votre attention.
