2 ème partie
Objectifs de l’étude
L’étude sur les enfants en situation de rue à Casablanca vise plusieurs objectifs fondamentaux:
1. Comprendre les causes profondes : Identifier et analyser les facteurs qui poussent les enfants à vivre dans la rue, y compris les problèmes économiques, familiaux et sociaux. Cela permettra de mieux saisir les dynamiques qui contribuent à cette réalité.
2. Analyser les trajectoires de vie : Étudier les parcours des enfants en situation de rue, en tenant compte de leur histoire personnelle, de leurs expériences d’exclusion et des différents mécanismes de résilience qu’ils développent face aux défis rencontrés.
3. Évaluer l’impact des politiques publiques : Analyser l’efficacité des interventions existantes, tant au niveau des politiques publiques que des initiatives des ONG, pour comprendre comment elles influencent la vie des enfants en situation de rue et quelles lacunes subsistent.
4. Proposer des recommandations : Sur la base des résultats de l’étude, élaborer des recommandations concrètes pour améliorer les conditions de vie des enfants en situation de rue, en intégrant les voix des concernés dans le processus de décision.
5. Sensibiliser et mobiliser : Utiliser les résultats de l’étude pour sensibiliser le grand public et les décideurs aux enjeux liés à la situation des enfants en rue et encourager une mobilisation collective pour trouver des solutions durables.
Historique des enfants en situation de rue :
• Avant le protectorat :
Avant le protectorat, les mécanismes traditionnels de prise en charge reposaient sur des structures communautaires profondément ancrées, reflétant les valeurs collectives de solidarité, de charité (sadaqa) et de responsabilité partagée. Cette étude analyse les approches adoptées dans cette période pour comprendre comment ces enfants étaient soutenus et réintégrés dans la société.
Avant l’époque coloniale, les enfants dits « en situation de rue » n’étaient pas considérés comme une catégorie marginalisée au sens moderne du terme. Le terme yaouled, dérivé de l’arabe dialectal marocain, combinant ya (viens) et ouled (enfant), désignait souvent des enfants issus de familles précaires ou sans attaches immédiates. Ces enfants étaient intégrés dans des réseaux sociaux plus larges, évitant ainsi une exclusion totale.
Modes traditionnels de prise en charge avant protectorat
1. Solidarité familiale et tribale
Dans les structures familiales et tribales marocaines, la prise en charge des orphelins ou des enfants abandonnés était une responsabilité collective. Les familles élargies ou les clans prenaient soin des enfants, même en dehors des liens de parenté directe. Cette solidarité s’exprimait par :
• L’hospitalité, où les enfants trouvaient refuge temporaire ou permanent.
• L’adoption informelle, où un foyer offrait un cadre protecteur et une éducation élémentaire.
2. Soutien religieux
Les institutions religieuses, telles que les zaouïas et les mosquées, jouaient un rôle central dans la prise en charge des enfants marginalisés. Ces lieux offraient :
• Un abri et de la nourriture, notamment pour les orphelins et les enfants en errance.
• Une éducation religieuse, qui servait à inculquer des valeurs morales et sociales.
Les figures religieuses agissaient également comme des médiateurs, favorisant la réintégration sociale des enfants en difficulté.
3. Insertion par le travail artisanal
Un autre pilier des modes traditionnels de prise en charge était l’apprentissage artisanal. Les enfants marginalisés étaient souvent intégrés dans des métiers locaux grâce à :
• Les maâlems (maîtres artisans) : Ces derniers prenaient sous leur aile des jeunes pour leur transmettre un métier, en échange de services ou d’un minimum de subsistance.
• Une formation progressive qui leur permettait de devenir des membres actifs de la société.
Cette approche, bien qu’informelle, combinait apprentissage, subsistance et intégration, offrant une alternative à la vie dans la rue.
Source : https://partagemax.com/?p=9454